Pour bien comprendre le maillage de la pharmacie, il faut s’intéresser à l’intérêt public qu’elle représente et à son emplacement, incluant sa viabilité économique.
Le paradoxe réside dans le fait que celles qui font le maillage sont souvent celles qui rencontrent le plus de difficultés. Pourquoi :
1 - Manque de candidats à la reprise (on remarque surtout que les vies de famille cumulant deux emplois ne sont pas envisageables par manque d’opportunités)
2 - Le manque de prescripteurs, la médecine générale étant le fonds de commerce de la pharmacie d’officine dans l’actuel modèle de rémunération
3 - La viabilité économique de l’officine (cumul crédits, charges salariales…)
Il existe de formidables outils comme l’exonération fiscale dans les zones classées que nous appelons ZRR, devenues FRR.
Néanmoins, à l’heure où une partie non négligeable des chefs d’entreprise pharmaciens partent à la retraite (estimation 26 % - 28 %), la profession est prise en étau.
Le pharmacien a dû trouver d’autres sources de financement (notamment la remise générique), devenue une composante clé de sa rémunération.
La pharmacie est plurielle : si, à terme, on n’arrive pas à définir collectivement l’objectif de l’offre officinale sur le territoire, la conséquence à très court terme sera la fermeture en premier lieu des officines qui sont à forte valeur en termes de maillage de santé.
Exemple : un maire d’une commune me faisait un état des lieux où la commune devait construire en urgence des logements de type EHPAD pour pallier au prochain départ du pharmacien et des médecins. Par cet exemple, on comprend bien la difficulté.
Construire un EHPAD pour pallier la désertification de l’offre de soins n’est pas une économie.
L’autre difficulté de la prise en étau repose sur l’arrêt de l’investissement dans l’officine, notamment dans le cadre des nouvelles missions. Les pharmaciens proches de la retraite n’ont pas la possibilité d’investir et de s’investir dans les nouvelles missions officinales (manque de trésorerie, pas de viabilité économique à court terme, dégradation de leur marge en vue de la prochaine cession).
De ce fait, les problèmes de cession, pour un mix de toutes les raisons affichées ci-dessus, ont longtemps été régulés par le prix de vente. Cela permettait à la fois la sortie des pharmaciens et le renouvellement de la profession.
Néanmoins, dans l’état actuel, on constate que les pharmaciens ne sont pas prêts à vendre puisque l’objet de la vente représente leur capital retraite (dixit il y a 30 ans : « La retraite ce n’est pas un problème, le fruit de la vente de votre officine constituera votre capital pour votre retraite »).
Donc, les vendeurs ne vendent pas, les acheteurs n’achètent pas, le réseau ralentit sa transformation et tout le monde se regarde en chiens de faïence !
La solution ?
Difficile, probablement multifactorielle. En l’état, on constate qu’il manque de l’argent pour les officines.
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